Aigrefeuille, petite commune du vignoble située à 30minutes au sud de Nantes, accueil depuis trois ans le festival Rock en Maine. Cette année Plus de 700 personnes adeptes de musique punk se sont rendus à l’événement pour voir les Burning Heads, les Sales Majestés, les vilains Clowns ainsi que deux autres groupe locaux : One Thousand Directions et Omahas. Invité par Fred, l'organisateur de l'évènement, en tant que bénévole photographe, j'en ai profité pour demander à ces groupes ce qu'ils pensaient de la scène alternative punk d'aujourd'hui. Reportage :
Arrivé vers 9h sur les lieux, une bonne moitié des bénévoles étaient déjà présent à préparer l’événement : montage de la scène, installation des tapis et préparation des tonnelles qui protégeraient plus tard les bars et les stands de nourriture, tous les groupes fonctionnaient comme une mécanique bien huilée. Car oui, cela fait bien trois ans que ces mêmes bénévoles se réunissent au Rock en Maine, trois ans qu'ils s'organisent pour créer cet événement qui leur tiens à cœur.
Fred, le patron, a ses convictions pour ce genre d'événement : « c'est la musique que j'écoutais en étant jeune, ça me fait plaisir et politiquement parlant, c'est plus proche de mes idées ». En effet, le punk n'étant pas gourmand au niveaux des cachets, Fred s'est engagé à ne jamais augmenter les prix d'entrée, quelque soit la tête d'affiche, c'est une histoire de respect avec le mouvement punk et ses revendications. Même si un concert punk d'aujourd'hui est « different » selon Fred, il revendique toujours les même combat : « beaucoup de jeunes reviennent au punk pour combattre le front national ».
19h : ouverture des portes. Dans la salle le premier groupe fini ses balances tandis que les derniers T-shirts sont accrochés au stand des merchs, là ou les fans peuvent acheter CD, vinyles, badges, patchs à coudre et autres fantaisies. A peine le temps de commencer ma bière qu'Omahas, jeune groupe de fusion/rock vendéen ouvre le bal et attire les festivaliers déjà nombreux devant les barrières.
Une Dizaine d'applaudissements plus tard, j'interroge les garçons quant au ressentiment sur leur prestation : « on a été impressionné par le nombre de personnes, amis comme inconnus ». Même si le trio ne considèrent pas leur musique comme punk, Karim le leader du groupe m'affirme qu'ils pensent faire tout de même partis de ce milieu là. « On évolue dedans, c'est pas un engagement politique mais humains et fédérateur, on est pas là non-plus pour gagner de la thune ».
L'interview terminé, je m'empresse de retourner dans la salle pour voir le concert des One Thousand Directions. Ce trio Aigrefeuillais est plutôt bien connus de la scène punk rock Nantaise. Ce soir, le groupe jouait pour la première fois des morceaux qui figureront sur leur prochain 4ème album, de quoi réjouir le public qui chantait en cœur avec eux.
« On fait pas souvent de concerts comme ça, je préfère jouer dans les bars pour la chaleur du publique, c'est plus représentatif de l'énergie et de la communion du punk » m'annonce Lylian. Le groupe ne se revendique pas appartenir à une scène punk, mais plutôt à un réseau. Ils ne considèrent pas le DIY (Do It Yourself), comme un choix mais plutôt une obligation et encore moins une revendication. « Pour des petit groupes comme nous, considère ça comme un fatalité, mais au moins ça nous permet de bosser avec nos potes. »
La salle était désormais quasi pleine pour assister au concert des vilains clowns. Voilà treize ans que ce groupe joue ses riffs rock'n'roll festif. Leur signe distinctifs ? Ils sont habillés en clown et ont un sérieux penchant pour la fête. Tant mieux car le public excité saute dans tout les sens ! Il commence à faire très chaud dans la salle, j'accepte donc volontiers le verre que me propose Pocho, le chanteur/guitariste avant de commencer l'interview.
En treize ans de carrière, le groupe a toujours eu comme seul mot d'ordre l'éclate. Prêt à accepter toute propositions de concert, le groupe sillonne les régions à bord d'un camion ou ils transportent leur matériel. Bozo le second guitariste m'explique qu'il n'y a aucun bénéfice personnel avec l'argent des concerts, il sert surtout à l'entretien du matériel et à payer les enregistrements. « Être punk, ça veut rien dire, tu peux porter une crête, être skinhead, c'est pas pour autant que tu vas être punk, l'essentiel c'est d'aller au bout des choses, de faire à fond ce que tu as envie. » Les gars se revendiquent surtout comme des fêtards qui ont envie de s'éclater en faisant des concert. Remarque très pertinente à la fin de l'interview quand je leur demande pourquoi se déguisent-ils en clown : les punks ne sont-ils pas non-plus déguisés avec leur crête ?
Pendant ce temps, le concert des sales majestés battait les records. Une salle pleine à craquer se trémoussait devant ce groupe emblématique du punk français. Il faut dire qu'il existe depuis 1981 et même si le chanteur manquait à l'appel, les sales majestés ont su garder toute leur énergie. Quelques minutes avant la fin du concert, je réussissait à demander à Pierre, le leader des Burning heads qu'est ce qui était punk.
« C'est un truc qui va à rebrousse-poil, ça peut être n'importe quel style musical ». Ce groupe jouant aussi à l'étranger, Pierre m'explique que le mouvement change en fonction des coutumes et surtout des mœurs « chacun y a son mot à dire ». Au fil de la conversation Pierre commence à me parler des squats et des centres culturels dans lesquels les Burning Heads ont joué. Selon lui, ils sont plus attractifs car les gérants ne les tiennent pas comme un bureau, contrairement au salle de concert « légales ».La plupart de ces lieux alternatifs ont été fermés par les mairies mais beaucoup renaissent ailleurs, c'est comme de la mauvaise herbe ! C'est sur cette dernière touche d'humour que Pierre pris congé de moi afin d'aller se préparer pour son concert
En bref, le punk n'est pas réellement définissable par un individu portant juste une crête. C'est une façon de penser qui vous dit d'aller au bout de vos propres idées, d'aller à l'encontre de ce que l'on vous oblige à faire, à penser. C'est avant tout un mouvement intellectuel culturel et humain, constitués d'échanges de savoir-faire et de savoir vivre et de pas mal de contradictions. Le punk n'est pas mort, c'est une étincelle dans notre tête qui nous pousse à choisir notre direction, pas besoin de faire peur aux grands mères donc. La scène punk est constituée de personnes qui après avoir écouté un album se sont dites moi aussi je vais monter un groupe avec mes potes. C'est une scène ouverte ou chacun peut y exprimer ses envies, ses idées et ses créations sans attendre quoi que ce soit d'autre que sa propre émancipation.
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